Dossier Leone Frollo  

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Leone Frollo, le lion de Venise

DOSSIER DE JL parker033

Tout le monde en France connaît Manara pour avoir lu les aventures de la BD le Déclic ou de Giuseppe Bergman, ou simplement par son style reconnaissable entre mille. Il suffit en effet de voir une femme dessinée par cet auteur hautement prolifique pour le reconnaître au premier coup d'œil.
Comme d'ailleurs les dessins de son confrère Paolo Eleuteri Serpieri, dessinateur de la plantureuse Drunna évoluant dans un univers apocalyptique ou par ses histoires plus rares de westerns un peu moins connu mais tout aussi superbes graphiquement…
Mais peu de gens connaissent en France (ou connaissait) le nom de Leone Frollo dans les années 70, 80 et 90 sauf quelques collectionneurs amateurs d'érotisme ou recherchant certains titres précis tirés des productions Elvifrance.

Qui est donc Leone Frollo ?

Né le 9 avril 1931 à Venise, Frollo débute dans la bande dessinée en 1948/1949 (il a 17 ans) en réalisant une histoire de western, " Sui grandi laghi " pour un journal scolaire, belle opportunité pour lui pour ce faire un peu d'argent selon ses dires.
On dénote déjà certaines facilités pour les mouvements et la mise en page, pour un dessinateur débutant…c'est pas si mal.

Vers 1953 ce sera " la strada senza fine ", sur un texte de Georges Bellavitis, dont il reprendra le dessin par la suite pour un journal du nom de " il corriere dello scolaro ".
Lauréat d'architecture en 1956 (ou 1958 suivant les sources) il réalisera que l'avenir dans ce domaine est pour lui une impasse surtout à Rome et décidera lentement de se lancer dans le dessin qui sera toujours selon ses déclarations, un complément à son métier d'architecte dans les débuts.
Ses débuts dans le dessin justement lui servent juste à entretenir sa passion pour ses deux hobbies que sont la photographie et la collection de comics (et plus tard le cinéma) qu'il affectionne particulièrement. Il se rendra compte que sa notoriété bien que faible au début commence à augmenter ce qui n'est pas pour le décourager sur le plan financier.
Il travaille ensuite toujours en 1958/1963 pour la firme anglaise Fleetway et Thomson et réalise des histoires de guerres pour Battler Briton, Archie the robot, War Story, Famous romance story, Love story dont aucun épisode à l'époque ne fut traduit en Italie.
C'est dans cette courte période qui va de 1962 à 1963 qu'il s'essaye pour la 1ère fois sur des histoires à l'eau de rose pour la Fleetway. Il pourra faire ses premières armes pour affiner son style sur les visages des femmes et leurs courbes dans des séries comme " Romeo ", " Boy friends " et des histoires complètes comme " Lady Birds ".
A partir de maintenant Frollo se lancera complètement dans le dessin, passion et succès financier oblige.

Les encouragements de ses lecteurs font que Frollo prendra de plus en plus de soin à dessiner ses personnages, privilégiant la finesse des traits ainsi que la précision de la gente féminine qui fera son succès plus tard et qui sera le principal atout de sa réputation.
C'est dans cette période que Frollo prendra conscience des goûts des lecteurs (de l'époque) et épurera son style des surcharges dans les vignettes, pour privilégier les contrastes noir et blanc, sans égarer le lecteur de (je cite) -stimulations visuelles qui pourraient le distraire-.
Il travaille ainsi sur le titre " Guerra agli invisibili " sur un texte de Franco Bandini dans " in corriere dei Piccoli " en 1963.
Suivront en 1964 des travaux sur le célèbre Perry Rodan dans quelques épisodes pour la " Moewig Verlag di Monaco " situé en Allemagne ainsi que dans des épisodes de " Melody John " pour " Racconti dello sceriffo ", Sepim Italie en 1965/1966.
C'est de nouveau pour Fleetway qu'il retravaille en 1967 pour " The space travellers ".
Entre 1964 et 1971 il participe de plus en plus à de nombreuses séries dont " Si parte per… La luna " pour plusieurs épisodes et en 1969 il collabore à la série " Wampus " et celle de " Durik ".
A cette époque lors d'une interview, Leone Frollo cite ses sources d'inspirations et annonce que son dessinateur préféré est Alex Raymond. Viennent ensuite Milton Caniff et Will Eisner sans oublier Harold Foster, Joe Kubert, Alex Toth et bien sûr Frazetta.
Mais il oublie de parler de John Buscema…nous y reviendrons plus tard car c'est important.
Frollo avoue une passion pour les dessins des années 30 et des comics comme " Little annie Ronney ", " Bob star ". Il est né dans les années 30 et avait donc grandit avec en mémoire ces BD qu'il voyait dans les kiosques à cette époque. Logique donc que ces noms là soient cités.
Ses aventures avec la photographie et le cinéma dont j'ai parlé plus haut ne s'arrêtent pas là car il sera primé deux fois au festival international de Montecatini, la 1er fois en 1965 pour " Angela " signé en collaboration avec Fenzo (Stelio ?) et en 1970 pour " Ragazze che dipingono un muro ".
Enorme satisfaction personnelle pour Frollo pour un art que peu de gens lui connaissent.

Revenons un peu en arrière dans le temps. En Italie quelque chose était en train de bouger pour les fumettis vers le début des années 60. Des personnages comme Diabolik, Kriminal, Satanik et Jezabel venaient sur le devant de la scène, et en 1966 arrivait Isabella.
Ce grand boum est du à deux personnes Renzo Barbieri et Giorgo Cavedon qui créeront les éditions RG. Plus tard ils se sépareront pour fonder Edifumetto pour le premier et Ediperiodici pour le second.
Frollo n'échappe pas au phénomène et se voit embaucher dès le début par les edt RG en 1970 pour dessiner quelques numéros de Terror Gigante. Dès le N° 3 la Danza macabra (traduit en France), N° 4 Il bianco cadaverino (inédit en France), N° 6 l'ombra del malignio (traduit en France), et les N° 10, 12, 15, N° 21 la mashera d'oro (traduit en France), N° 23 Barbablu (traduit en France).
Dès les derniers dessins qu'il fera pour le numéro de Terror Gigante N°23 qui date de septembre 1971, sort un mois après en Octobre 1971 la série Lucifera dont Frollo dessinera juste les 15 premiers numéros, le dernier datant de Décembre 1972.
Frollo était au courant des deux articles consacrés à Lucifera, écrits par Numa Sadoul pour Phenix, publiés en 1974 et 1977, et était très satisfait que les français s'intéressent aux productions transalpines mais restait réservé sur une certaine clientèle et critique française qu'il jugeait à l'époque (je cite) " snobinarde ".
Pour les collectionneurs il faut noter que le Terror Gigante N° 6 l'ombra del malignio précède Lucifera de quelques mois, mais c'est en tout point ou presque le scénario de la future diablesse que nous connaissons (voir Terror Hors série N° 1).
Viendra ensuite en 1972 ce qui sera considéré à juste titre comme son chef d'œuvre, surtout en Italie ; Biancaneve qu'il dessinera pendant 26 numéro de novembre 1972 à Décembre 1974 et qu'il reprendra plus tard pour quelques hors séries.
En effet d'après une interview de lui en 1986 c'est une série dont il est assez fier et qui lui a donné beaucoup de travail. Mais c'est avec un réel plaisir qu'il la redessinera dans les années 80. Ce sera d'ailleurs la seule fois qu'il redessinera un personnage pour quelques aventures.
Et vient ensuite Naga (en France Shatane), très bonne série pleine d'aventures que Frollo dessinera du N° 1 au N° 24 de Juillet 1975 à Juin 1977, pour être reprise ensuite par un tâcheron qui la coulera définitivement (voir mon article Naga sur le site).
En 1978/1979 la science fiction fait son entrée dans l'œuvre de Frollo avec la série Fan (Phann en France). Héros calme, vivant sur une planète quasi déserte, il se voit entraîner dans une saga planétaire en vu de sauver l'univers d'un tyran qui fut autrefois son meilleur ami…
Sujet classique mais qui fonctionne toujours et même si la série connaît quelques faiblesses, elle se laisse lire tranquillement.
Elle a été éditée en France dans les Antarès du N° 15 au N° 22.
Inspiré par Vampirella il dessinera ensuite une série graphiquement excellente mais au scénario assez bâclé : Yra la vampira du N° 1 au N° 12 de Octobre 1980 à Septembre 1981.
Passionné par les années 20 et les années 30, il s'essaye à une très bonne série se situant dans le milieu des bordels Parisien : Casino du N° 1 au N° 25 de Mars 1985 à Avril 1987 (voir liste précise sur l'article Casino que j'ai fait sur le site)
En 1986 alors qu'il termine cette série, une idée germe en lui, celle d'une bande dessinée faites sur des planches grand format racontant l'histoire d'un marin affublé d'une malédiction…
Sous le coup de la colère il se transforme en homme tigre d'une férocité incroyable.
Lord Tiger sera un fiasco malgré une publicité importante dans pas mal de revues, fanzines et d'interviews faites à l'époque.
La Bd sort dans un grand format luxueux sur papier glacé mais malgré une fin laissant présager une suite cela ne se fera pas.
Cela a du être une grande déception car suivant les articles que j'ai lu c'était une œuvre à laquelle il tenait…
Il participera aussi à quelques histoires d'horreurs isolées notamment pour la série Macabro (pour le N° 1 et le N° 6). Il racontera dans une édition de 1979 peu courante et en moyen format, l'enfance de Dracula dans la collection "Fumetti dell'orrore-grandi autori" avec pour titre l'orrenda storia di Dracula Bambino. Histoire éditée en France dans l'infernal BD N°2 en 1985. Il collaborera surtout par la suite, vers 1985, à la série " Glamour international ", et " Diva "créant de véritables portfolios de dessins faisant de temps en temps plusieurs pages dans des numéros variés de la première et deuxième série. Un numéro lui est d'ailleurs entièrement consacré (voir fumettografia à la fin de l'article).

 


Oceania la cité des abysses


pour 80.000 dollars de plus


Il bianco cadaverino


le masque d'or

Que voyons nous en regardant sa fumettografie ?
Il est évident que Frollo ne tient pas en place et le dit lui-même; il est incapable de rester sur une série pendant un laps de temps qui lui semble trop long.
C'est rédhibitoire pour toutes ses séries et c'est un trait de caractère qui ne le quittera jamais !
Il le dit lui-même lors d'une interview en 1977 dans le magazine wow N° 6 et réitère dans il fumetto N° 7 en 1986.
Dès qu'il pense qu'il tourne en rond il se voit dans l'obligation et surtout par ennuie d'abandonner son personnage pour passer à autre chose…
On peut le comprendre, les scénarios des fumettis per adultis dans les années 70 ne volent pas bien haut même s'ils sont là pour distraire, certaines séries sont assez fades.
Pour Biancaneve, les thèmes récurrents sont : trouver la sorcière qui a lancée un sortilège sur le château, l'appréhender et faire l'amour avec si possible. Lutter contre sa belle mère Naga pour finalement lui faire l'amour et se marier avec elle pendant un moment…(sic).
Excellente série tout de même et ce grâce à l'humour fabuleux qui règne en masse dans les premiers numéros et grâce aussi aux dessins sublimes et très érotiques de Frollo.
Pour Lucifera, empêcher Faust de créer le filtre du bien pendant 10 à 15 épisodes en accaparant sa libido …ça peut devenir saoulant. Mais cette série réussira à évoluer vers une saga qui emmènera l'héroïne à travers de nombreuses aventures…
Pour Naga : voyager, baiser, voyager, baiser et enquêter…ok. Il faut noter quand même que Frollo tiendra 24 épisodes pour cette série assez mouvementée et finalement assez réussie.
Mais la question se pose…lorsque Frollo s'en va d'une série, les ventes peuvent chuter en flèche et cette dernière peut s'arrêter très vite, ce qui est assez révélateur.
Cela n'a pas été le cas bien sûr pour Biancaneve et Lucifera, mais il avait eu le temps de bien lancer ces deux séries et de fidéliser un lectorat.
Pour Yra on sent dès le début en engouement de l'auteur pour ce personnage mais très vite cela dégénère pour sombrer dans un scénario erratique, désordonné…pour finalement gâcher la série et la détruire. Elle aura duré 12 épisodes, relevés une fois de plus par de superbes dessins. On note quand même un léger essoufflement dans les derniers numéros…

Toutes ces critiques n'engagent que moi et certains trouveront à redire là-dessus, mais je ne pense pas m'égarer beaucoup dans mes affirmations.
Je pense que si Frollo n'avait pas dessiné ses séries...elles seraient tombées dans l'oublie le plus total ou n'auraient même peut être jamais démarrées.

Je fais une parenthèse concernant la série Mona street, que beaucoup considère comme sa meilleure œuvre lorsqu'elle est sortie dans les années 80.
Pourquoi, parce que c'est la seule qu'ils connaissent (ou connaissait à l'époque) et c'est grâce à cette série que Frollo aura un début de reconnaissance en France par les critiques de bandes dessinées et se fera connaître par des collectionneurs envieux de réunir une série d'un auteur faussement nouveau qui dessine de l'érotisme…
Mais Frollo était déjà là avant Serpieri et Manara avec les séries Elvifrance dès les années 70.
Si Mona Street est reconnue par certaines personnes comme ce qu'il a fait de mieux ; je suis d'accord d'un point de vue esthétique. Il ne faut pas négliger quand même le travail de précision fantastique effectué sur la série qui contient en tout 3 numéros.
C'est un personnage dans lequel il a mis en grande partie ses goûts prononcés pour les années 20 (un peu comme la série Casino) parue quelques temps auparavant.
Mais ce n'est pas pour moi sa meilleure réussite.
Si pour Biancaneve qu'il a dessiné dans les années 70, la mode était aux femmes plantureuses et rondes (les Italiennes dans les années 70 comme Gina Lollobrigida, Sophia Loren), ce sera l'inverse pour Mona Street dont l'action se situe dans les années 20 où les femmes étaient fragiles et menues comme l'était Greta Garbo dont il reprendra exactement (c'est même un sosie) le physique pour la directrice du collège où se trouve Mona.
Frollo le dit lui-même, il adore ces années là et avoue avoir obtenu son meilleur résultat (financier ?) en la dessinant et cela se voit quand on ouvre Mona Street, c'est beau et précis, c'est bien léché… Je parle des dessins bien sûr.
Tellement précis que plusieurs planches dans les trois volumes ne seront pas encrées et vous pourrez vérifier cela ne gâche en rien la Bd qui bien au contraire se trouve être plus clair, plus légère, donc plus vivante et plus libre. Ils ne sont pas beaucoup ceux qui peuvent se passer d'un encrage pour leur BD…, je trouve ça assez grandiose.
C'est évidemment Mona Street qu'il aura le plus apprécié à dessiner car c'est elle que l'on retrouve le plus sur des cartes postales, des illustrations (pas encore les Tee-shirts). C'est elle je pense qui restera dans la mémoire des gens comme son travail le plus accompli. 

Depuis Frollo n'a plus dessiné de fumettis per adultis (le marché des Petits Formats pour adultes étant terminé en Italie?) ni de bandes dessinées mais plutôt des livres d'illustrations qui ce sont bien vendus avec même certains en tirages limités et signés.
Comme son dernier ouvrage " les femmes de Leone Frollo " qui date de 2003, avec un tirage grand public et un autre à tirage limité et signé de 250 exemplaires.
Il y a aussi son avant dernier " liens de femmes " édité chez Bagheera en 2000.
Tout ces derniers travaux l'ayant fait connaître un maximum à l'étranger notamment en Allemagne, aux usa, en France et en Angleterre ou ses originaux sont assez recherchés maintenant. 

Je ne parlerai pas du tout premier travail de Frollo qui mérite l'indulgence ni non plus de ce qu'il a fait durant sa période anglaise.
Parce que je ne possède simplement pas assez de documentations pour être à même d'en parler et encore moins de juger.
Les quelques photos montrées plus haut sont plus parlantes que tout le reste…
Je dirais qu'a ses débuts pour les edt RG en 1970, dans le N° 4 de Terror, Frollo se rapproche d'un style réaliste, ce qui est normal quand on sort d'une période ou l'on a travaillé pour des BD de romances et de guerres pour l'Angleterre.
Les visages, les positions, les décors n'ont rien de spéciaux, c'est quand même bien dessiné, très bien même…bon ok…comparé à d'autres dessinateurs de l'époque c'est sublime !
On note déjà une aisance à dessiner les femmes en laissant planer un doux voile d'érotisme à peine remué par l'apparition d'un sein ou d'une cuisse.
Cette histoire du Terror 4 qui est complètement censurée en France faisait références à un tout jeune bébé, fils du démon qui trucidait toutes les personnes de la maison y compris à un moment sa propre mère. Le père (supposé biologique) défénestrait par la vitre le diabolique bambin à la fin de l'histoire...ce n'est pas passé en France, mais le bébé est bien passé par la fenêtre, lui !
Le N° 3 édité en France dans le Terror 3 était déjà beaucoup plus intéressant, tant graphiquement que par le scénario, Frollo étant plus à son aise avec ce genre d'histoire.
Il y fait référence à une femme atteinte d'une maladie de peau et que son père soigne en lui transférant entièrement les peaux de gens qu'il tue et qu'il greffe ensuite sur celle de sa fille.
L'histoire et le travail sur la mise en page sont très bons, le dessin, l'ambiance parisienne du début du siècle est bien rendu et l'érotisme qui se dégage de la jeune femme est délicieux.
D'entrée avec ce numéro le gore (assez soft quand même) faisait son apparition…le titre était quand même Terror et non pas " Bonne nuit les petits "…

Mais c'est avec Lucifera que Frollo prend ses marques, trouve son style, même si il sera en constante évolution encore et encore et même de nos jours (voir ses 2 derniers ouvrages).
Evoluant dans un univers fantastique peuplé de sorcières, gnomes, diables, démons en tout genre, Frollo prendra goût à la caricature et apprendra à la développer.
C'est en dessinant cette série qu'il s'amusera à déformer à l'extrême des monstres repoussant et à contrario à fignoler les formes et visages des femmes ou des jeunes filles.
Ce qui donne un aspect manichéen à la série : les bons sont souvent beaux de visages et les méchants souvent laids. Cela à pour mérite que l'on voit tout de suite à qui l'on a affaire.
Si par hasard un démon prend forme humaine comme c'est le cas dans le numéro 2 avec Koorsan qui séduira Marguerite par sa beauté, il aura les sourcils dessinés de façon diabolique pour ne pas laisser d'équivoque sur sa vraie nature.
Il faut maintenant noter que c'est dans cette série que Frollo s'inspire (pour ne pas dire pompe) les dessins des comics américains et surtout de John Buscema qu'il n'a pas cité comme un de ses dessinateurs préférés. Ce qui est très étrange quand on voit que c'est sur l'œuvre de ce dessinateur mondialement connu qu'il c'est le plus…inspiré.
En effet Lucifera apparaît en 1972 en Italie et Frollo qui est fan de comics usa est forcément tombé sur les chefs d'œuvres de la Marvel écrits par Stan lee. Comme ceux du Silver Surfer dessinés par John Buscema édité en 1968 ainsi que Enemy Ace de Joe Kubert et le Tarzan de Russ Manning
Les années 60 et 70 aux usa…marmite bouillonnante de dessinateurs talentueux et hors normes !
Donc, facilité pour les dessins, hommage, plagiat, ou tout simplement une grande révélation d'un dessinateur italien pour des BD et dessinateurs d'outre atlantique ?…ce sera à vous de juger (voir la suite de l'article plus loin).
Il ne faut pas oublier que ces Bd étaient faites pour être lus rapidement mais qu'elles devaient être aussi dessinées très rapidement. Donc faut il être indulgent ou crier au plagiat sans prendre en compte toutes les possibilités, les conditions et l'époque à laquelle elles furent dessinées? Pour ma part j'opterais bien pour la première solution.
Mais seul une interview de Frollo nous amènerait une réponse…
Pourtant il faut bien admettre que les premières histoires, parues chez les edt RG ne subissent pas d'influences notables comme (en français) " Danse macabre ", " le diable et la mort ", ou " le fantôme de l'opéra ". Toutes sont visibles dans les collections Terror ou Terror Hors série.
Cela commence surtout dans Lucifera avec Satan qui perdra très rapidement sa forme première et comme par magie se retrouve avec les traits de Méphisto, l'ennemi du Silver Surfer.
Le masque d'or est tout à fait représentatif de ce que j'essaye de démontrer, toutes les vignettes ou presque représentant Zur, le traitre de l'histoire, sont tirées (pour ne pas dire décalquées) d'après des dessins de John Buscema, des personnages de Méphisto ou de Loki le frère de Thor.
Dans certains numéros de Terror comme " l'or du démon " et " le salaire du malin ", Gilles de Rai pourrait très bien passer pour le conte Frankenstein que l'on voit aussi dans un numéro du Silver Surfer (voir photos plus bas).
Quand on ouvre un numéro des Contes Malicieux ( Biancaneve) c'est beaucoup plus modéré et même quasi inexistant, heureusement.
Mais l'influence de Big John est encore là, surtout lorsque l'on voit certains visages comme celui du prince Harold (Contes Malicieux 3, 4, 5) on peut bien se rendre compte de ce que j'avance.
Regardez les monstres difformes, monstres sous marins, nains grotesques, bourreaux et assassins que Frollo affectionne particulièrement et qu'il redessinera constamment dans son œuvre et vous verrez de quoi je parle.
Un simple exemple, dans le Contes Malicieux N° 6, Sireno a les mêmes traits que Triton qui fait partie de la famille royale des inhumains dans les Fantastic Four chez la Marvel Comics Group (ex : dans le Eclipso N° 44 pour la version française).
Dans le Shatane N° 1, on aperçoit Hans Von Hammer, le Baron rouge, dessiné à l'origine par Joe Kubert dans Enemy Ace chez DC Comics et repris pour son compte par Frollo. Il le renommera de son vrai nom, le Baron Manfred Von Richtoffen, l'as allemand de la 1ère guerre mondiale et le fera luter en duel aérien contre Shatane.
Dans le N° 8 notre héroïne fait la connaissance du conte Dracula, dans une scène ressemblant à s'y méprendre à celle que l'on peut voir dans " Frankenstein contre Dracula ", dans le comics pocket N° 4 de Frankenstein, dessiné par John Buscema, encore lui !
A l'occasion Frollo reprendra souvent les fameuses positions inventées et dessinées par Burne Hogarth pour son Tarzan et il s'en servira pour quelques numéros comme pour le Shatane N° 9. Seul hic…Frollo ne sait pas du tout dessiner les animaux, mais pas du tout !
Il y a aussi une petite histoire de SF, Océania la cité des abysses, que vous pouvez voir dans le Spécial Kiwi N° 50 ou dans sa réédition le Ombrax N° 206.
Je dirais que plus de 50% des dessins sont inspirés (décalqués soyons méchants) sur des dessins de Buscema, Manning et Hogarth (voir photo).
Si cette période assez déplaisante de prime abord date du début des années 70 et couvre quelques années, il faut se rendre compte que très vite Frollo saura se détacher de cette façon de dessiner et prendra définitivement son rythme de croisière.
De temps en temps on retrouve des dessins qui reprennent certaines positions qu'il affectionne particulièrement et qui ont du le marquer. Celle ou le Surfer à le bras devant le visage et que vous pourrez retrouver un nombre incalculable de fois ou celle du conte de Frankenstein qui est assis dans un fauteuil le menton sur ses mains…ou celui où il a lui aussi un bras devant le visage pendant qu'il regarde un livre ouvert…l'air sombre…etc.
Il est vrai qu'avec des dessins comme ceux du Silver Surfer on ne peut qu'être subjugué tellement c'est beau. C'est quand même un, pour ne pas dire le comics qui a le plus influencé les français lors de sa sortie en France dans Fantask et dans Strange. Tout le monde s'en souvient encore. Il est normal qu'ils aient aussi influencé Frollo au début des années 70.

 

SUITE: è 

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