Si je vous dis Nado ou encore Lydia a priori ces prénoms ne vous évoquent pas grand chose ou peut-être les ex de notre ami Daniel Demarez, mais si je rajoute Célia ou encore Ninon, là les plus coquins auront certainement deviné ?. Pour ceux qui ont la mémoire courte encore un autre petit indice, si je rajoute : BD Adult' alors là pas de doute possible mais c'est bien sûr ! Mancini alias WG Colbert, alias Trébor un maître de l'érotisme le dessinateur le plus osé pour ne pas dire ''hard ''de la BD française. Au fait, vous avez lu ''Les confidences de Nado ou bien Lydia soubrette de luxe '' ? ? ? ? A part Daniel qui lui a la collection complète, il n'est pas facile de répondre dans l'affirmatif à cette question et pour cause ! Ce n'est pas le genre de BD que l'on place en évidence dans sa bibliothèque, de peur de passer auprès de ses amis pour un un obsédé de la chose ! . L'entretien : L R : Robert Hugues architecte de formation comment en êtes-vous arrivé à faire de la BD ? R H : C'était un rêve de jeunesse que j'ai voulu réaliser en parallèle de mon métier d'architecte. LR : Quant-on discute avec vous immanquablement un nom revient tout le temps c'est celui de votre meilleur ami Bob Leguay (1) qui nous a quitté, il y a trois ans déjà ; vos carrières sont quasiment indissociables, pouvez-vous nous parler un peu de cette amitié ? R H : C'était en 1948 j'étais alors un tout jeune dessinateur passionné de BD mais peu expérimenté et je me suis présenté aux éditions Publivog de NICE afin d'avoir des conseils sur la façon de présenter un dossier. Les premières planches originales que j'ai pu voir était alors de Bob Leguay. A l'époque il créait la série de King le vengeur et cela m'avait très impressionné surtout par la qualité graphique et le style de son dessin. Par la suite et grâce à un ami commun j'ai fait sa connaissance.Je lui ai présenté mes premiers dessins et il m'a encouragé à continuer tout en me donnant des conseils judicieux. Par la suite une solide amitié s'est créée, Je peux dire que je lui dois beaucoup pour la suite de ma carrière. LR : Comment avez-vous rejoint la grande maison Artima/Aredit ? R H : Justement c'est grâce à Bob Leguay que j'ai pu rentrer Chez Artima. A cette époque il était en contact avec la maison Imperia qui lui proposait divers titres à dessiner. Il ne pouvait pas assumer ce surcroît de travail. Il a confié à Bild (Fulgor) et moi-même la réalisation des deux scenario deTim l'Audace, qu'il avait d'avance. J'ai dessiné à ce moment là ma première vraie BD qui par chance a été retenue par l'éditeur. J'ai réalisé par la suite les 41 numéros suivants. L R : Vous aviez comme collègues Robertet Raoul Giordan (Vigor et Météor). Quel souvenir gardez-vous de cette époque ? R.H : J'avais également vu leurs originaux chez Publivog où j'avais aussi été impressionné par les grandes planches de Tim L'Audace et divers titres de format à l'italienne que publiait cette maison en 1949. Nous allions parfois leur rendre visite avec Bob, J'ai pu apprécier les planches et les couvertures de Météor. Avec Raoul nous avons toujours gardé de très bonnes relations amicales ! L R : Vous avez pourtant quitté la grande maison Artima pour vous lancer dans la BD érotique aux éditions SEDEM étais-ce un crève cœur ou plutôt un choix délibéré ? R.H : C'est un concours de circonstances ! C'est Leguay, encore lui, qui est à la base de ce changement. Il travaillait encore chez Imperia, qui ayant trop d'avance dans leurs titres, lui confiait moins de travail. Un de ses amis avait lu dans la presse locale qu'une maison d'édition cherchait des dessinateurs sur Cannes, pour un mensuel. Bob n'ayant pas de permis voiture, je l'ai accompagné. Ils l'ont tout de suite engagé et dans la conversation sachant que j'étais aussi dessinateur ils m'ont proposé de travailler pour eux, j'ai accepté sans grande conviction car j'étais encore chez Aredit . L R : Je suppose que cela n'a pas été un choix facile, d'autant que dessiner des corps nus demande une maîtrise totale du dessin ? R.H : Disons que c'est une approche plus académique du dessin, aussi pour m'améliorer j'allais en cours de nu Le soir, ce qui m'a permis de perfectionner mon dessin. L R : La plupart de vos planches sont d'ailleurs d'un format assez grand du 40x50 je crois, avec des détails quasi perfectionnistes ! Pourquoi vous donner autant de mal pour un résultat qui ne se verra même pas au tirage ? R.H : C'est vrai qu'à la réduction certains détails disparaissent mais je préfère dessiner en grand format car je m'y sens plus à l'aise. L R : Trébor, Colbert, Mancini pourquoi tout ces pseudos ? Est-ce une demande de votre éditeur ou tout simplement une volonté de votre part de brouiller les pistes ? R H : Trébor c'est mon prénom en verlan, j'ai trouvé cela amusant, pour les autres c'était pour moi un moyen de changer de style de dessin. L R : A ce propos Henri FILIPPINI semble dire de vous qu'à chacune de vos signatures correspond un style différent. Ainsi WG.Colbert est influencé par G. Lévis (2), alors que Mancini flirt avec Manara, existe t'il vraiment un style Robert Hugues ? R H : A vous de deviner ? L R : Parmi les dessinateurs de votre génération avez-vous une référence, voire un maître avec qui vous vous sentez le plus proche ? R H : Mis à part Leguay j'ai énormément d'admiration pour G. Lévis qui m'a influencé dans mon travail ! L R : Pourtant à la disparition de G. Lévis on vous a demandé de reprendre le flambeau, pourquoi avoir refusé ? R H : J'étais enthousiaste au départ, j'ai fait des essais et j'ai même réalisé plusieurs planches pour la suite de ''Liz et Beth '' dans la collection le Marquis, qui avaient été acceptées par les éditions Glénat. Mais je me suis très vite rendu compte que ce n'était paspossible car j'étais trop accaparé par mon éditeur qui medemandait à ce moment là un surcroît de travail. C'est avec regret que j'ai dû décliner cette offre. L R : Pour beaucoup de gens vous êtes avant tout un dessinateur de ''BD érotique'' pour ne pas dire ''hard'', Il est vrai que le moins que l'on puisse dire de vous c'est que vos dessins sont très suggestifs ! N'avez-vous jamais été tenté par un érotisme plus sage, façon MANARA ou SERPIERI ,afin de toucher un plus large public ? R H : En ce qui concerne le hard cela est venu progressivement, les premiers dessins étaient assez softs puis à la demande des lecteurs j'ai dû accepter d'accentuer la subjectivité des scènes. L R : Beaucoup de vos lecteurs ignorent que la plupart de vos séries ont été traduites en plusieurs langues, combien exactement ? R.H : L'espagnol, le néerlandais, l'allemand, l'italien, et l'américain mais seulement pour la côte ouest. L R : C'est assez rare pour un français, d'être publié aux Etats Unis, surtout si l'on pense au puritanisme américain avez-vous dû faire des concessions ? R.H : Oui quelques séquences dans Lydia qui se nomme chez eux ''Brigitte french maid ''pour Nado c'est Monique intimate stories of an escort ''pour Cléo elle garde curieusement le sien. Pour la Hollande qui a édité toute la production de Colber et Mancini, Nado devient ''Nada''. L R : Malgré l'importance de votre production on vous voit assez peu dans les festivals de BD, est-ce dû à la frilosité des organisateurs ? R.H : Oui c'est possible ! Mais cela est dû aussi au système de diffusion. Il n'est pas rare dans les séances de dédicace que l'on me demande où se procurer ces albums. L R :Vous vous intéressez beaucoup aux autres dessinateursquel est votre préféré ? R.H : Sans hésiter : BURNE HOGARTH ! L R : Oui , mais vous me citez un mythe ! Mais plus proche de votre époque ? R.H : Plus proche de mon époque … j'aime bien les frères Groux qui sont d'excellents amis. D'ailleurs Yves et Willye bien qu'à la retraite réalisent actuellement leur ambition de toujours : l'adaptation en BD du film ''Robin des Bois''. Imaginez des planches de 80 x 60 toutes en couleur directe, un travail de longue haleine qui leur a déjà demandé plusieurs années de travail ! L R : En effet ! J'ai d'ailleurs eu la chance de voir cela et j'ai été très emballé par le réalisme de ces planches couleur. J'ai eu l'impression de voir une galerie de peintures, j'ai vraiment hâte de voir le résultat final. Mais mis à part ces artistes de talents, que pensez-vous de la nouvelle génération de dessinateurs ? R.H : Je trouve que beaucoup de jeunes arrivent sur le marché avec un bagage technique que beaucoup n'avaient pas à mon époque où notre formation était plutôt autodidacte : cela est peut-être dû à l'enseignement de certaines écoles spécialisées dans la BD. L R: Etes-vous sollicité pour des conseils ? R H : Oui quelquefois, au hasard de certaines séances de dédicace. L R : Pensez-vous que parmi eux il y a un futur grand de la BD ? R.H : Pas seulement un, mais plusieurs ! L R : Quel est votre Album ou votre série préférée du moment ? R.H : En tant que collectionneur, il y en a pas mal, je ne pourrais pas toutes les citer, mais j'ai bien apprécié XIII. L R : Revenons à votre actualité : sur quoi travaillez-vous actuellement ? R.H : Je travaille sur la suite de la reine Margot et j'ai en préparationune histoire qui se passe au Canada au XVIIIème siècle, pendant laguerre Franco/Anglaise'' :La Saga des Shelton'' L R : Nos lecteurs pourront donc découvrir vos nouveaux récits dans les pages de Bédé Adult ? R.H : Je l'espère ! L R : Avez-vous d'autres projets ? R.H : Oui ! Je voudrais refaire de la BD traditionnelle ! Le thème reste à définir. L R : Que peut-on vous souhaiter pour l'avenir ? . R.H : Bien des choses et que surtout cela dure longtemps !
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