- préface de Bernard
Joubert
- ROMANINI, AUTEUR
PROTÉIFORME
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- Les lecteurs Français ayant une bibliothèque
érotique bien constituée connaissent deux albums de
Giovanni Romanini, les Aventures de la Cicciolina et Dodo, la
petite pensionnaire, qui datent d'il y a une trentaine
d'années. Les plus collectionneurs possèdent des
pockets Elvifrance traduisant certaines de ses séries des
années 1980. Rarissimes sont ceux qui peuvent, à
l'oeil, reconnaître sa participation aux BD de Magnus, dont
il était l'assistant, il y a un demi-siècle. Et on
attend encore l'expert français capable de discourir sur
son oeuvre non érotique,
- la plus récente, faite de Donald pour Disney et de
Martin Mystère chez Bonelli.
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- Une chose est frappante : quand on interroge Romanini sur sa
carrière, aujourd'hui encore, à soixante-quatorze
ans (il est né en 1945), il ne cesse de rappeler combien
ses débuts auprès de Magnus, de six ans son
aîné, ont été primordiaux, et un
bonheur pour lui. À la fin des années
- 1960, le jeune Giovanni travailledans le dessin animé
et comme peintre. Il expose ses tableaux dans le salon de coiffure
de son père et, en
- les voyant, une cliente fait savoir que, dans le quartier,
à deux pas, un dessinateur de fumetti cherche un assistant.
Giovanni se présente à l'adresse indiquée et
est engagé par Magnus pour l'aider à encrer ses
fumetti neri.
- Les deux voisins travaillent ainsi sur Kriminal, le
malfrat au costume de squelette, puis Satanik, la tueuse
à queue-decheval et Alan Ford, une série
humoristique tout public – les scénarios de ces trois
bandes étant assurés par Max Bunker.
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- Satanik en 1974.
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- La main de Romanini adopte le style de Magnus et quand ce
dernier quitte une série pour se consacrer à
d'autres projets, son assistant prend la relève.
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- Étant à présent reconnu comme
professionnel des petits formats pour adultes, de plus en plus
érotiques dans les années 1970, puis porno à
la décennie suivante, Romanini reprend des personnages
existants (Wallestein, la vampire Zora/Zara) ou
crée les siens, dans un style qui n'est plus celui de
Magnus : la lycanthrope Ulula (en France dans
Satires à partir du n° 33), la femme aux
prothèses Bionika (dans les Drôlesses
- à partir du n° 1), la sadique Lady Domina
(inédit en France) et, bien sûr, Pornostar,
que vous avez en mains, pour la première fois traduit en
français. Romanini garde un excellent souvenir de Renzo
Barbieri, l'éditeur d'origine de ces pockets, et nous
confie aujourd'hui : « Ma relation avec Renzo était
devenue une amitié.
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- Kriminal en 1970.
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- Il m'invitait à passer des vacances sur son yacht. Il
me payait très bien et il me laissait une grande
liberté de création. Quand j'avais l'idée
d'un nouveau personnage, il m'a toujours laissé le faire et
même d'écrire les scénarios. J'écrivais
la dizaine de premiers numéros pour définir la
série et puis les scénaristes maison continuaient.
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- Nous nous sommes fréquentés jusqu'à sa
mort [en 2007]. Un grand ami ! » Pour Barbieri, Romanini
réalise aussi des séries non érotiques et
humoristiques, inédites en France, comme la Compagnia
della Forca avec Magnus (l'oeuvre étant dûment
signée de leurs deux noms) ou I Ragazzi della 3AB,
éphémère série pour ados avec Lucio
Filippucci. Ce dernier est un excellent dessinateur de BD
érotique (nous avons lu
- son Raimbo, en France, dans Mat-cho) dont la
rondeur du trait est dans la filiation, elle aussi, du
maître Magnus. À la même époque,
Romanini et Filippucci (avec un coup de main, pour
l'écriture, d'un ami à eux, Giovanni Ubaldi)
travaillent ensemble à un album one-shot que l'agent
parisien Luca Staletti vend un peu partout dans le monde : il
s'agit de celui consacré à la Cicciolina, qu'ils
rencontrent à cette occasion pour recueillir des anecdotes.
- Publié en France par Média 1000, l'ancêtre
de Dynamite, cet album les fait remarquer par les éditions
Albin Michel qui ont produit plusieurs albums de Georges
Lévis sur scénario de Francis Leroi. Lévis
est mort en 1988, après un fameux Dodo, 13 ans, en
présence de sa tante seulement ayant pour cadre une
maison close – décor qui avait déjà
inspiré Leroi comme réalisateur, pour Petites Filles
au bordel. Directement pour le marché français, sur
scénario de Leroi, Romanini et Filippucci dessinent une
seconde et dernière aventure à la jeune
prostituée Dodo, dans un style qui évoque le
classicisme de Lévis.
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- Ulula en 1982.
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- Après cela, ils s'éloignent de
l'érotisme. Ils illustrent des cartes à
collectionner pour Panini, mettent en BD la chanteuse Raffaella
Carrà... De
- 1992 à 1995, Romanini est engagé pour dessiner –
tenez-vous bien ! – Donald et Picsou dans le Journal de
Mickey italien (Topolino).
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- Paperino
(Donald).
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- Dans le même temps, il assiste de nouveau Magnus sur ce
qui sera sa dernière oeuvre (mais chef-d'oeuvre de
méticulosité), un album spécial, grand
format, de 224 pages du western vedette Tex Willer, la Valle
del terrore (la Vallée de la terreur chez Clair de
Lune). Magnus lui confie la représentation des chevaux et
de certains décors. Et c'est chez l'éditeur de
Tex Willer, Bonelli, que Romanini trouve refuge au xxie
siècle,
- étant depuis une vingtaine d'années l'un des
dessinateurs de la très populaire série Martin
Mystère, après avoir débuté sur
Zona X, un
- spin-off du « détective de l'impossible
».
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- Tableau de 2009.
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- Parallèlement, nous raconte-t-il pour conclure, il
s'est remis à peindre, comme à vingt ans. « En
alternance avec mes BD, je fais des peintures de western, des
détrempes sur toiles, ma grande passion. »
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- B.J.
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