- Fiche détaillée : Sam Bot, T1 - Sam
Bot
- Dessinateur Raoul Buzzelli
- Scénario Pipo Franco
- Editeur Delcourt G. Productions
- Préface signée de Bernard
Joubert
- Date de parution janvier 2010
- Collection Erotix
- ISBN 2756020664
-
- Dossier de presse par Bernard
Joubert
LES POCKETS ITALIENS PER
ADULTI
Ils étaient une distraction populaire par
excellence, petits (13 X 18 cm), pas chers,
déversés à flot chez les marchands
de journaux. Méprisés par la critique,
haïs de la censure, c'était les pockets de BD
pour adultes, publiés en France par Elvifrance,
mais originaires d'Italie.
À l'origine du phénomène, dans
les années 1960, il y a ce que les Italiens
appellent les fumetti neri, des bandes dessinées
policières dont les héros sont plus souvent
les délinquants que les forces de police. Ils se
nomment Diabolik, Satanik ou Kriminal, réussissent
leurs cambriolages et tuent sans état d'âme.
En 1966, Giorgio Cavedon et Renzo Barbieri, un
journaliste du Corriere della sera, lancent les
éditions Sessantasei (66), qui deviendront
bientôt Erregi (les initiales de leurs
prénoms, R et G), puis se scinderont en deux
maisons concurrentes et leaders du marché,
Ediperiodici et Edifumetto. Ils ne font plus simplement
dans la BD peu morale, mais dans le fumetti per adulti.
Ils proposent des héros malfrats (Al Capone,
Bonnie, Goldrake connu en France sous le nom de Goldboy),
mais aussi des récits de cape et
d'épée (Isabella, très
inspiré d'Angélique marquise des Anges) et
de jungle (Jungla, dessiné par Stelio Fenzo, un
assistant d'Hugo Pratt). Le réalisme prime,
l'humour n'a pas encore droit de cité.
Les ingrédients censés intéresser
un public adulte peuvent varier d'un titre à
l'autre, mais l'un d'eux, l'érotisme, est toujours
présent. Les audaces se limitent à des
poitrines dénudées les premières
années avec, de temps à autre, la
suggestion de relations sexuelles. Dans les années
1970, on ose la représentation des sexes, puis la
pornographie. L'horreur est un genre qui connaît un
net succès (Terror, Oltretomba, Cimiteria), avec
des séries mensuelles atteignant plusieurs
centaines de numéros. Les héroïnes
vampires sont nombreuses (Jacula, Zora, Sukia). D'autres
récits s'inspirent de faits-divers
(Attualità nera, Storie nere, I Casi della vita)
et la condition sociale de certains héros vise
à l'identification des lecteurs : ouvrier (Il
Montatore), chauffeur routier (Il Camionista), taulard
(Sbarre), appelé du contingent (Il Tromba et
Primo, traduits en France dans Salut les bidasses)...
Certaines séries sont conçues comme
d'interminables feuilletons (Maghella, Lucifera).
D'autres présentent un même personnage dans
des récits complets (Mortimer, Pippo). Mais les
récits complets indépendants, sans
héros récurrents, plaisent tout autant (A
porte chiuse, Storie blu, Corna vissute). Les tirages
oscillent entre 65 000 et 80 000 exemplaires.
En France, c'est la maison Elvifrance (1970-1992),
dirigée par Georges Bielec, qui domine de
façon hégémonique le marché
des traductions. Selon un sondage des années 1970,
les ouvriers forment 54 % de son lectorat, qui est
à 82,5 % masculin. Et on ne peut imaginer une
chambrée militaire où ne circulent pas des
Elvifrance. Mais la censure veille, persuadée que
les adolescents usent de ces pockets pour parfaire leur
éducation sexuelle. Et les censeurs ont raison !
Terrificolor, on le pique à son grand
frère. Prolo, on sait que papa le cache dans un
coin de l'atelier. La censure interdit à tour de
bras, mais Elvifrance ne cesse de sortir de nouvelles
séries pour remplacer celles tombées au
champ d'honneur. Et finalement, dans les années
1990, ce qui, en France comme en Italie, fait
disparaître des kiosques les pockets pour adultes,
c'est l'érosion du marché.
SAM BOT, L'AFFAMÉ BIEN
MONTÉ
Sam Bot, ça me botte ! Évidemment, le
jeu de mot ne fonctionne qu'en français. En
Italie, notre héros s'appelle Peter Paper, ce qui
rappelle vaguement le Peter Parker de Spider-Man, mais ne
prête guère à rire. Être plus
drôle dans sa version française
qu'italienne, en raison de la traduction bourrée
d'argot et de jeux de mots de Georges Bielec, c'est
d'ailleurs une des particularités de Sam Bot et
une des raisons qui en firent un titre
emblématique d'Elvifrance, dont on se souvient
trente ans après.
On s'en souvient aussi parce que ce héros
sortait de l'ordinaire. Un anti-héros, un
incroyable loser. Un peu chétif, portant des
grosses lunettes et un costume ringard, il n'a que deux
obsessions dans la vie : manger et, pour cela, trouver du
travail. Chômeur affamé, il postule à
tous les emplois qui se présentent, mais se trouve
embringué dans des complications rocambolesques
qui le ramènent à son point de
départ, c'est-à-dire dans sa chambrette
miteuse, devant un frigo vide. Côté cœur, en
revanche, il est aidé. Il est amoureux de sa
voisine, la belle Orchidée, qui lui ouvre
volontiers son lit. Car Sam possède une botte
secrète qui fait se pâmer toutes les femmes
légères croisant sa route : un grand sexe.
Pour dire la vérité, il
préférerait un bon steak, mais les
nymphomanes ne lui demandent pas son avis.
En Italie, Peter Paper connut trente-deux aventures
mensuelles, réparties en trois séries (dont
une intitulée Identikit), de 1972 à 1978.
Les créateurs étaient Raoul Buzzelli au
dessin et Pippo Franco au scénario, lesquels
passèrent la main à d'autres auteurs au fil
des numéros. La censure ne se manifesta pas en
Italie, mais frappa sévèrement en France.
Après sept numéros, Sam Bot fut interdit
d'exposition chez les marchands de journaux, et le resta
durant six mois. Durant ce temps, le journaliste Delfeil
de Ton prit plusieurs fois sa défense dans Charlie
hebdo : " Il n'y a rien dans "Sam Bot" qui puisse
justifier une interdiction. Quand je lis "Sam Bot", moi,
j'y retrouve des échos de la bonne saine
grossièreté, du bon gros jeu de mots, de la
superbe incongruité que je trouvais, quand
j'étais petit, à la lecture des
"Pieds-Nickelés". […] Il faut être bien
aveuglé par les critères de "bon
goût" et de "vulgarité" pour se
désintéresser de la liberté
d'expression de "Sam Bot". Se désintéresser
du sort de "Sam Bot" (et des autres), comme tout le monde
le fait, c'est pratiquer le racisme culturel, c'est
s'aveugler sur les vraies lectures populaires, c'est ne
pas voir les faits "culturels" où ils sont. "
Bravo DDT !
RAOUL BUZZELLI
Frère cadet de Guido Buzzelli (1927-1992),
un des maîtres de la bande dessinée
italienne que traduisait en France Charlie mensuel, Raoul
Buzzelli (1932-1982) ne se fit pas un prénom dans
le métier. À la fin des années 1950,
il collabore à des journaux pour enfants comme
Fantasie Gioconde, y dessinant les Aventures spatiales du
prof Barbon. Il fait du lettrage, du retouchage de
matériel étranger... Sam Bot est son titre
de gloire, avec quelques récits complets dans EP
Risate, traduits en France dans EF Popcomix.
Contrairement à son malchanceux héros, il
finit par jeter l'éponge et se suicida.
PIPPO FRANCO
Né en 1940, cet acteur de films comiques
n'est pas allé chercher loin son pseudonyme
puisque, pour l'état civil, il est Franco Pippo.
Son grand nez et ses rôles de ratés
ridicules ne sont pas sans rappeler le personnage de Sam
Bot. Il reste encore très connu en Italie comme
animateur de télévision et chanteur, dans
la lignée d'un Patrick Topaloff. Sam Bot fut sa
seule incursion dans la bande dessinée.
Avis de la Fnac : Sam Bot, T1 - Sam
Bot
Fleuron des Editions Elvifrance,
spécialisées dans les petits formats
érotiques publiés dans les années 1970,
Sam Bot, antihéros timide et chômeur mais
doté par la nature d’autres avantages
appréciés des dames, est enfin
réédité !
Bonne nouvelle : Sam Bot est de retour ! Pour les moins
de vingt ans, ce nom ne veut probablement rien dire. Mais
pour tous ceux qui se délectaient à lire en
cachette, dans les années 1970, les publications des
Editions Elvifrance, spécialisées dans les
« petits formats » érotiques, il rappellera
sans aucun doute quelques souvenirs... Petit retour en
arrière : en ce temps-là, la censure veillait
avec soin sur les lectures des jeunes (et des moins jeunes).
La libération des mœurs n’était pas encore
entrée dans les habitudes, même si la vogue du
cinéma classé X commençait à
envahir les écrans, et même si Valéry
Giscard d’Estaing ferait en sorte, après son
élection à la présidence de la
République en 1974, de faire sauter quelques verrous.
En ce qui concerne l’édition, et en particulier la
bande dessinée, des messieurs en gris armés de
ciseaux et de bons sentiments faisaient encore la pluie et
le beau temps, persuadés qu’ils protégeaient
la morale et la bienséance. Il n’était pas
question de laisser publier n’importe quoi, et les Editions
Elvifrance allaient bientôt expérimenter les
affres d’une censure aussi tatillonne que bête et
méchante. Leurs différentes publications
étaient importées d’Italie, pays où des
éditeurs de BD quasi-industrielle produisaient
à la chaîne des séries destinées
à un lectorat populaire, pas toujours signées
par leurs auteurs. Les nostalgiques se souviennent encore de
Jacula, de Lucifera ou de Terror. A vrai dire, rien de bien
méchant ni de contraire aux bonnes mœurs, et ces BD
dites « de gare » feraient sans doute rire
doucement les ados d’aujourd’hui qui se demanderaient
pourquoi diable elles étaient interdites aux mineurs…
Sam Bot, né en 1973, ajoutait à une dimension
gentiment érotique un contenu humoristique
tiré par les cheveux et qui ne faisait pas toujours
preuve d’une très grande finesse. Mais les jeux de
mots foireux et les calembours douteux, parfois
inventés par le traducteur Georges Bielec qui
était par ailleurs le gestionnaire d’Elvifrance,
donnaient toute son originalité à la
série. L’argument de Sam Bot tient en quelques mots :
cet antihéros au physique ingrat, chômeur
« professionnel » toujours à la recherche
d’un boulot, affublé d’une grosse paire de lunettes
et handicapé par une timidité maladive, ne
possède qu’un seul atout dans la vie : un sexe d’une
taille, comment dire… propice à enflammer
l’imagination de ses voisines ! « Vous possédez
là une énorme fortune », lui fait un jour
remarquer un tatoueur. « Savez-vous qu’on pourrait y
caser le premier acte des Jeux de l’amour et du hasard ?
» Précisons que le dessinateur ne montrait
jamais les attributs de ce pauvre Sam, et que ses
ébats, menés le plus souvent à son
corps défendant, étaient dessinés avec
la plus grande pudeur… Petit détail amusant, son nom
dans la version originelle italienne était Peter
Paper, comme un clin d’œil au Peter Parker qui se
transformait en Spider-Man dans la BD américaine de
Stan Lee et Steve Ditko. Et c’est vrai qu’il existe une
certaine ressemblance entre les deux personnages, aussi
timides et maladroits à la ville
qu’irrésistibles - pour des raisons
différentes – dans certaines circonstances… Sam Bot,
séducteur malgré lui, était très
demandé par les jeunes filles de son entourage mais
aussi par un lectorat aujourd’hui disparu : les bidasses,
contraints de supporter de longues heures de train avant de
rejoindre leurs casernes, et qui trouvaient là
matière à délassement et,
peut-être aussi, à fantasmes plus ou moins
avouables… Dessiné par Raoul Buzzelli, le
frère du grand Guido Buzzelli, édité en
France à plusieurs dizaines de milliers
d’exemplaires, Sam Bot retrouve aujourd’hui une nouvelle
jeunesse. On le lira au premier ou au second degré,
on s’amusera de ses mésaventures sentimentales et
l’on frémira souvent à la lecture de ses
calembours, mais peu importe : publié aujourd’hui
dans l’excellente collection Erotix dirigée par
Vincent Bernière aux Editions Delcourt,
agrémenté d’une passionnante préface
signée de Bernard Joubert, l’ami Sam va enfin
retrouver la notoriété qu’il mérite…
Le Mot de l'éditeur : Sam Bot, T1 - Sam Bot
Sam Bot est un jeune Anglais binoclard qui a un
problème : la nature l'a particulièrement bien
doté ! Du coup, la gent féminine le
harcèle, mais lui n'en a que faire.
Préférant travailler, il est souvent
réquisitionné par son oncle Archibald, un
vieux grincheux, qui l'envoie dans de périlleuses
missions visant à récupérer des objets
pour son musée des horreurs. (Ce volume comporte 3
histoires.)
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